Fiche produit
CABANIS, UN IDEOLOGUE - DE MIRABEAU A BONAPARTE
278,00 MAD TTC
Auteur(s)
Pouliquen Yves
Éditeur(s)
Jacob
Date de parution
31/01/2013
DISPONIBILITE
Expédié sous 21 à 28 jours
Descriptif
Infos
I
Un si calme petit cimetière
Il vous est peut-être arrivé de visiter le cimetière d'Auteuil, cet insolite petit carré de tombes cerné de grands immeubles que nous découvrons après avoir cherché son imposant portail d'entrée dans la calme et courte rue Claude-Lorrain. Il a accueilli les morts du village d'Auteuil lorsqu'en 1800 l'ancien cimetière du village qui cernait l'église Notre-Dame fut abandonné. En 1860, l'inclusion d'Auteuil dans ce qui devenait le Grand Paris l'enferma de saisissante façon dans la trame urbaine d'un XVIe arrondissement en pleine expansion. Ouvert pendant quelques années de façon gratuite à qui s'y présentait, il devint rapidement le cimetière des familles aisées qui jugèrent prudent d'y acquérir des concessions à perpétuité. Si vous l'avez visité, votre curiosité s'est peut-être attardée à comparer les monuments bigarrés que les styles de différentes époques et les familles ont dédiés à leurs morts, mais vous avez sûrement sollicité votre mémoire à la lecture des noms célèbres qui y étaient gravés: Charles Gounod, Hubert Robert, Abel Gance, Pierre Benoit, Jean-Baptiste Carpeaux et bien d'autres encore. Vous vous êtes sûrement arrêté chemin Benoît, celui qui borde précisément la division 10, où vous auriez pu en un raccourci topographique rouvrir une grande page d'histoire littéraire et philosophique en contemplant deux tombes. L'une d'elles, très sobre, est composée d'une grande plaque de granité que le temps a teintée d'un gris terne et maculée de lichens roussâtres. Il faut s'appliquer pour y lire sur des lettres en partie effacées le nom de celle qui y est inhumée: Anne-Catherine de Ligniville; en d'autres termes, la célèbre Mme Helvétius. À quelques pas de là, un enclos cerné par une grille de fer forgé attire l'oeil parce qu'il impose à notre attention l'élévation, à la tête d'une plaque tombale fort dégradée, d'une pierre de granit ouvragée d'un caducée hippocratique mais dépourvue de croix, qu'une exubérante et sauvage végétation semble vouloir masquer à notre regard. Au sommet de celle-ci, on peut déchiffrer avec difficulté de grandes lettres en partie gommées par le temps et dont l'assemblage restitue le nom de Cabanis. Ainsi, par-delà leur mort, se retrouvent si proches en éternité deux personnages qu'un hasard réunit un jour et qu'un indéfectible amour, si l'on veut bien garder à ce terme celui qui caractérise la relation d'une mère et d'un fils, lia jusqu'à la mort. Cette proximité en souligne d'ailleurs bien la force et la nature car elle fut ardemment souhaitée par l'un et l'autre des défunts.
Il
Un rendez-vous posthume
Mme Helvétius, de trente-huit ans plus âgée que Pierre-Jean-Georges Cabanis, mourut en 1800 à l'âge de 81 ans. Selon sa volonté, elle voulut être enterrée au bout du parc de sa célèbre «maison d'Auteuil», dans le caveau qu'elle avait fait construire à l'extrémité droite du pavillon où Cabanis avait passé les premiers temps de son mariage avec Charlotte de Grouchy, la soeur de Sophie de Condorcet. Sans doute imaginait-elle en cet endroit sa demeure éternelle, d'autant que Cabanis et l'abbé Laroche, dont elle disait qu'ils avaient «fait le bonheur de sa vie», en garderaient selon ses voeux la jouissance quand bien même la propriété en reviendrait à ses filles. L'avenir en décida autrement. En 1817, la propriété fut vendue. Le corps de Mme Helvétius fut transporté au cimetière d'Auteuil en une tombe fort anonyme que seuls les rares initiés savaient reconnaître à la borne cadastrale qui en marquait l'emplacement. Un anonymat qui dura jusqu'en 1892, date à laquelle fut enfin posée sur sa sépulture cette dalle simple portant son nom.
(...)
Un si calme petit cimetière
Il vous est peut-être arrivé de visiter le cimetière d'Auteuil, cet insolite petit carré de tombes cerné de grands immeubles que nous découvrons après avoir cherché son imposant portail d'entrée dans la calme et courte rue Claude-Lorrain. Il a accueilli les morts du village d'Auteuil lorsqu'en 1800 l'ancien cimetière du village qui cernait l'église Notre-Dame fut abandonné. En 1860, l'inclusion d'Auteuil dans ce qui devenait le Grand Paris l'enferma de saisissante façon dans la trame urbaine d'un XVIe arrondissement en pleine expansion. Ouvert pendant quelques années de façon gratuite à qui s'y présentait, il devint rapidement le cimetière des familles aisées qui jugèrent prudent d'y acquérir des concessions à perpétuité. Si vous l'avez visité, votre curiosité s'est peut-être attardée à comparer les monuments bigarrés que les styles de différentes époques et les familles ont dédiés à leurs morts, mais vous avez sûrement sollicité votre mémoire à la lecture des noms célèbres qui y étaient gravés: Charles Gounod, Hubert Robert, Abel Gance, Pierre Benoit, Jean-Baptiste Carpeaux et bien d'autres encore. Vous vous êtes sûrement arrêté chemin Benoît, celui qui borde précisément la division 10, où vous auriez pu en un raccourci topographique rouvrir une grande page d'histoire littéraire et philosophique en contemplant deux tombes. L'une d'elles, très sobre, est composée d'une grande plaque de granité que le temps a teintée d'un gris terne et maculée de lichens roussâtres. Il faut s'appliquer pour y lire sur des lettres en partie effacées le nom de celle qui y est inhumée: Anne-Catherine de Ligniville; en d'autres termes, la célèbre Mme Helvétius. À quelques pas de là, un enclos cerné par une grille de fer forgé attire l'oeil parce qu'il impose à notre attention l'élévation, à la tête d'une plaque tombale fort dégradée, d'une pierre de granit ouvragée d'un caducée hippocratique mais dépourvue de croix, qu'une exubérante et sauvage végétation semble vouloir masquer à notre regard. Au sommet de celle-ci, on peut déchiffrer avec difficulté de grandes lettres en partie gommées par le temps et dont l'assemblage restitue le nom de Cabanis. Ainsi, par-delà leur mort, se retrouvent si proches en éternité deux personnages qu'un hasard réunit un jour et qu'un indéfectible amour, si l'on veut bien garder à ce terme celui qui caractérise la relation d'une mère et d'un fils, lia jusqu'à la mort. Cette proximité en souligne d'ailleurs bien la force et la nature car elle fut ardemment souhaitée par l'un et l'autre des défunts.
Il
Un rendez-vous posthume
Mme Helvétius, de trente-huit ans plus âgée que Pierre-Jean-Georges Cabanis, mourut en 1800 à l'âge de 81 ans. Selon sa volonté, elle voulut être enterrée au bout du parc de sa célèbre «maison d'Auteuil», dans le caveau qu'elle avait fait construire à l'extrémité droite du pavillon où Cabanis avait passé les premiers temps de son mariage avec Charlotte de Grouchy, la soeur de Sophie de Condorcet. Sans doute imaginait-elle en cet endroit sa demeure éternelle, d'autant que Cabanis et l'abbé Laroche, dont elle disait qu'ils avaient «fait le bonheur de sa vie», en garderaient selon ses voeux la jouissance quand bien même la propriété en reviendrait à ses filles. L'avenir en décida autrement. En 1817, la propriété fut vendue. Le corps de Mme Helvétius fut transporté au cimetière d'Auteuil en une tombe fort anonyme que seuls les rares initiés savaient reconnaître à la borne cadastrale qui en marquait l'emplacement. Un anonymat qui dura jusqu'en 1892, date à laquelle fut enfin posée sur sa sépulture cette dalle simple portant son nom.
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