Fiche produit
LA FOIS OU J'AI ECOUTE MA MERE
128,50 MAD TTC
Auteur(s)
Guilabert Thierry
Éditeur(s)
Edl
Date de parution
16/04/2014
DISPONIBILITE
Expédié sous 21 à 28 jours
Descriptif
Infos
Extrait
- Nous y sommes !
Maman ramassa son sac dans la travée centrale et, remontant le couloir du bus, elle indiqua au chauffeur que nous descendrions au prochain arrêt. Quelques centaines de mètres plus loin, il nous débarqua au bord d'une voie ferrée mangée par les herbes.
Des maisons en pierre se tenaient là, en rangs serrés, de part et d'autre de la route. Les volets étaient rabattus et les façades, recouvertes de longues traînées grises, presque noires. Il n'y avait pas d'horizon. A la place des champs de blé, c'était une ombre immense portée par un mur de rochers, une barrière qui montait jusqu'au ciel et qui, tout de suite, me parut infranchissable.
- On continue à pied !
Maman prit un sentier à peine visible, qui filait droit sur la falaise. Quelques rapaces volaient très haut, le long d'aiguilles rocheuses. Le chemin trouait la végétation et descendait vers un torrent. Il me fallut quelques minutes avant d'apercevoir l'eau claire sur les galets, les petites langues de sable qui faisaient comme de minuscules plages, et le pont... enfin la passerelle, une vulgaire travée de béton d'un mètre de largeur au-dessus du vide. Sur le seuil quelqu'un avait gravé : pont des Soupirs.
Maman emprunta un escalier taillé à même la roche. Je la suivis prudemment. La pierre était glissante, et mes pas mal assurés. Le brouhaha était terrible, l'air vibrait au-dessus du torrent. Je vis des branches passer à toute vitesse, se briser sur des roches affleurantes, et les morceaux disparaître dans les remous. J'en eus le vertige.
Maman déposa son sac et me tendit les bras pour m'aider à enjamber la dernière marche, puis elle s'assit sur le sable. En faisant un creux de ses mains, elle puisa un peu d'eau et m'en mouilla le visage. C'était l'eau la plus froide que j'aie jamais touchée et qui sûrement dévalait de là-haut, de ce mur formidable où s'accrochaient quelques nuages, mille mètres au-dessus.
- On va où, maman ?
Maman ramassa son sac dans la travée centrale et, remontant le couloir du bus, elle indiqua au chauffeur que nous descendrions au prochain arrêt. Quelques centaines de mètres plus loin, il nous débarqua au bord d'une voie ferrée mangée par les herbes.
Des maisons en pierre se tenaient là, en rangs serrés, de part et d'autre de la route. Les volets étaient rabattus et les façades, recouvertes de longues traînées grises, presque noires. Il n'y avait pas d'horizon. A la place des champs de blé, c'était une ombre immense portée par un mur de rochers, une barrière qui montait jusqu'au ciel et qui, tout de suite, me parut infranchissable.
- On continue à pied !
Maman prit un sentier à peine visible, qui filait droit sur la falaise. Quelques rapaces volaient très haut, le long d'aiguilles rocheuses. Le chemin trouait la végétation et descendait vers un torrent. Il me fallut quelques minutes avant d'apercevoir l'eau claire sur les galets, les petites langues de sable qui faisaient comme de minuscules plages, et le pont... enfin la passerelle, une vulgaire travée de béton d'un mètre de largeur au-dessus du vide. Sur le seuil quelqu'un avait gravé : pont des Soupirs.
Maman emprunta un escalier taillé à même la roche. Je la suivis prudemment. La pierre était glissante, et mes pas mal assurés. Le brouhaha était terrible, l'air vibrait au-dessus du torrent. Je vis des branches passer à toute vitesse, se briser sur des roches affleurantes, et les morceaux disparaître dans les remous. J'en eus le vertige.
Maman déposa son sac et me tendit les bras pour m'aider à enjamber la dernière marche, puis elle s'assit sur le sable. En faisant un creux de ses mains, elle puisa un peu d'eau et m'en mouilla le visage. C'était l'eau la plus froide que j'aie jamais touchée et qui sûrement dévalait de là-haut, de ce mur formidable où s'accrochaient quelques nuages, mille mètres au-dessus.
- On va où, maman ?