Fiche produit
CALLIGRAMMES DANS TOUS SES ETATS - EDITION CRITIQUE DU RECUEIL DE GUILLAUME APOLLINAIRE
621,00 MAD TTC
Auteur(s)
Debon Claude
Éditeur(s)
Calliopees
Date de parution
09/10/2008
DISPONIBILITE
Expédié sous 21 à 28 jours
Descriptif
Infos
Extrait de l'avant-propos:
I - Lointaines origines
Poèmes figurés
Le titre donné par Apollinaire à son second grand recueil de poèmes, Calligrammes, attire d'abord l'attention sur la «beauté des lettres», c'est-à-dire sur les aspects visuels de l'écriture. Il saute aux yeux de qui feuillette pour la première fois le volume que les traditions poétiques sont ici bousculées, mises à mal, et qu'un certain nombre de «poèmes» ressemblent davantage à des dessins qu'aux vers attendus dans un recueil sous-titré «Poèmes de la paix et de la guerre». La poésie visuelle renaît.
Il existe une longue tradition de «poèmes figurés», présente dès l'Antiquité, à laquelle Apollinaire se rattache à l'évidence. Dans un texte fondateur donné par Michel Décaudin à son édition de Calligrammes, un certain nombre de précédents sont évoqués, de Simmias de Rhodes en passant par Rabelais et jusqu'au Dos publié par Gabriel Martin en 1891. Dans une acception très large, les lettres, mots ou phrases disposés de façon à former un dessin ne sont en effet pas chose nouvelle. Le développement des recherches sur les rapports entre la lettre et l'image, pour reprendre un titre de Massin, a été à l'origine de plusieurs ouvrages qui nous donnent à voir toutes sortes de combinaisons remontant à l'aube de l'écriture. Déjà Jérôme Peignot, en 1978, avait étendu l'expression de «calligramme», inventée par Apollinaire, à l'ensemble de ces «poèmes figurés» enrichi de nouveaux exemples, dont certains dans des alphabets étrangers, et d'autres postérieurs à Apollinaire. Michel Décaudin avait pensé aux «Djinns» de Victor Hugo; on découvre aussi dans le livre de Jérôme Peignot «La queue de la souris» de Lewis Carroll ou, en 1861, une maison, une pipe, un tricorne, etc., traités avec fantaisie dans Le Journal amusant. L'exposition de Jeremy Adler et Ludwig Ernst intitulée Text als Figur: visuelle Poésie von derAntike bis zur Moderne (1987), une autre comme Poésure et peintrie, une exposition plus récente encore, Alfabeto in Sogno, Dal carme figurato alla poesia concreta, offrent un large panorama des innombrables tentatives pour marier la lettre et le dessin. Un titre comme celui d'Antoine Coron, Avant Apollinaire, vingt siècles de poèmes figurés, dit à la fois la richesse de cette tradition et le repère quasi absolu que forme Apollinaire: bien malgré l'auteur sans doute, car les «vingt siècles» étaient destinés à écraser le poète sous le poids de ses prédécesseurs. Il est curieux de constater que ce critique, comme Jérôme Peignot, nomme calligrammes tous les exemples précédant ces «jeux poétiques», sans toujours leur adjoindre des guillemets, comme si une fois pour toutes Apollinaire avait baptisé rétrospectivement toutes les formes de poèmes figurés.
I - Lointaines origines
Poèmes figurés
Le titre donné par Apollinaire à son second grand recueil de poèmes, Calligrammes, attire d'abord l'attention sur la «beauté des lettres», c'est-à-dire sur les aspects visuels de l'écriture. Il saute aux yeux de qui feuillette pour la première fois le volume que les traditions poétiques sont ici bousculées, mises à mal, et qu'un certain nombre de «poèmes» ressemblent davantage à des dessins qu'aux vers attendus dans un recueil sous-titré «Poèmes de la paix et de la guerre». La poésie visuelle renaît.
Il existe une longue tradition de «poèmes figurés», présente dès l'Antiquité, à laquelle Apollinaire se rattache à l'évidence. Dans un texte fondateur donné par Michel Décaudin à son édition de Calligrammes, un certain nombre de précédents sont évoqués, de Simmias de Rhodes en passant par Rabelais et jusqu'au Dos publié par Gabriel Martin en 1891. Dans une acception très large, les lettres, mots ou phrases disposés de façon à former un dessin ne sont en effet pas chose nouvelle. Le développement des recherches sur les rapports entre la lettre et l'image, pour reprendre un titre de Massin, a été à l'origine de plusieurs ouvrages qui nous donnent à voir toutes sortes de combinaisons remontant à l'aube de l'écriture. Déjà Jérôme Peignot, en 1978, avait étendu l'expression de «calligramme», inventée par Apollinaire, à l'ensemble de ces «poèmes figurés» enrichi de nouveaux exemples, dont certains dans des alphabets étrangers, et d'autres postérieurs à Apollinaire. Michel Décaudin avait pensé aux «Djinns» de Victor Hugo; on découvre aussi dans le livre de Jérôme Peignot «La queue de la souris» de Lewis Carroll ou, en 1861, une maison, une pipe, un tricorne, etc., traités avec fantaisie dans Le Journal amusant. L'exposition de Jeremy Adler et Ludwig Ernst intitulée Text als Figur: visuelle Poésie von derAntike bis zur Moderne (1987), une autre comme Poésure et peintrie, une exposition plus récente encore, Alfabeto in Sogno, Dal carme figurato alla poesia concreta, offrent un large panorama des innombrables tentatives pour marier la lettre et le dessin. Un titre comme celui d'Antoine Coron, Avant Apollinaire, vingt siècles de poèmes figurés, dit à la fois la richesse de cette tradition et le repère quasi absolu que forme Apollinaire: bien malgré l'auteur sans doute, car les «vingt siècles» étaient destinés à écraser le poète sous le poids de ses prédécesseurs. Il est curieux de constater que ce critique, comme Jérôme Peignot, nomme calligrammes tous les exemples précédant ces «jeux poétiques», sans toujours leur adjoindre des guillemets, comme si une fois pour toutes Apollinaire avait baptisé rétrospectivement toutes les formes de poèmes figurés.