Fiche produit
DESERT ANGEL
216,00 MAD TTC
Auteur(s)
Price Charlie
Éditeur(s)
Thierry Magnier
Date de parution
12/04/2013
DISPONIBILITE
Expédié sous 21 à 28 jours
Descriptif
Infos
La bagarre démarra après minuit, Scotty bourré, la mère d'Angel pétée au crack. Comme ça ne se calmait pas, Angel quitta la caravane pour aller dormir à proximité, dans un petit creux formé par un fossé de drainage. À l'abri des vents nocturnes, isolée des cris et des menaces, Angel put se pelotonner dans sa robe de chambre et regarder les étoiles. Voilà longtemps qu'elle ne faisait plus de voeux. À quatorze ans, elle avait passé l'âge. Quand elle s'éveilla à l'aube, la camionnette était partie, la caravane était vide. Sur la cloison intérieure près de la porte, il y avait du sang.
Plus tard, elle regretta de ne pas avoir troqué sa robe de chambre et son pantalon de jogging contre un jean et une veste. Regretta de ne pas avoir emporté le pain et deux bouteilles d'eau dans un sac. Mais non. Il fallait qu'elle trouve sa mère. Infichue de penser à autre chose.
Les traces de pneus allaient vers le nord, s'éloignant du chemin défoncé qui, filant vers l'ouest, reliait leur campement à Dillon Road. Sans doute l'avait-elle remarqué avant de regagner la caravane et c'était peut-être ce qui avait causé sa précipitation. Angel savait qu'il n'y avait rien au nord, seulement des cactus, des yuccas et ces hauts éboulis de roche qui bordaient le désert de Californie.
Elle avait marché au moins vingt minutes quand elle dut s'arrêter pour ôter un caillou de sa chaussure. Dans le silence, elle entendit le moteur de la camionnette de Scotty pétarader sur le terrain accidenté, puis elle repéra le sillage de poussière à l'horizon. Elle enleva son pantalon de survêtement et s'en servit pour effacer ses empreintes tandis qu'elle s'écartait de plusieurs mètres du sentier pour se tapir derrière un buisson d'immortelles jaunes.
Elle attendit qu'il soit passé avant de lever les yeux. Visiblement, il était seul dans la cabine. Elle ignora le bref accès de tristesse qui la traversa. Le chagrin engendre son propre désert et les larmes d'Angel avaient séché depuis longtemps. Si elle éprouvait quelque chose, c'était plutôt un noeud de colère qui parfois lui serrait la poitrine. Quand le véhicule fut hors de vue, elle se remit debout, secoua son pantalon, le renfila et reprit sa marche.
Quatre mois auparavant, Angel et sa mère avaient fui un type nommé Jerry, le énième dans une longue suite d'amants grossiers et violents choisis avec la précision d'un missile thermoguidé. Elles avaient quitté Los Angeles en stop, direction l'Arizona. Avec l'idée de retrouver une cousine à Phoenix. Un gars qui les avait prises à Ontario les largua sur l'aire de Cabazon. À peine étaient-elles installées au comptoir du restau que la mère d'Angel entamait la conversation en attendant les hamburgers. Scotty était une conquête facile.
Plus tard, elle regretta de ne pas avoir troqué sa robe de chambre et son pantalon de jogging contre un jean et une veste. Regretta de ne pas avoir emporté le pain et deux bouteilles d'eau dans un sac. Mais non. Il fallait qu'elle trouve sa mère. Infichue de penser à autre chose.
Les traces de pneus allaient vers le nord, s'éloignant du chemin défoncé qui, filant vers l'ouest, reliait leur campement à Dillon Road. Sans doute l'avait-elle remarqué avant de regagner la caravane et c'était peut-être ce qui avait causé sa précipitation. Angel savait qu'il n'y avait rien au nord, seulement des cactus, des yuccas et ces hauts éboulis de roche qui bordaient le désert de Californie.
Elle avait marché au moins vingt minutes quand elle dut s'arrêter pour ôter un caillou de sa chaussure. Dans le silence, elle entendit le moteur de la camionnette de Scotty pétarader sur le terrain accidenté, puis elle repéra le sillage de poussière à l'horizon. Elle enleva son pantalon de survêtement et s'en servit pour effacer ses empreintes tandis qu'elle s'écartait de plusieurs mètres du sentier pour se tapir derrière un buisson d'immortelles jaunes.
Elle attendit qu'il soit passé avant de lever les yeux. Visiblement, il était seul dans la cabine. Elle ignora le bref accès de tristesse qui la traversa. Le chagrin engendre son propre désert et les larmes d'Angel avaient séché depuis longtemps. Si elle éprouvait quelque chose, c'était plutôt un noeud de colère qui parfois lui serrait la poitrine. Quand le véhicule fut hors de vue, elle se remit debout, secoua son pantalon, le renfila et reprit sa marche.
Quatre mois auparavant, Angel et sa mère avaient fui un type nommé Jerry, le énième dans une longue suite d'amants grossiers et violents choisis avec la précision d'un missile thermoguidé. Elles avaient quitté Los Angeles en stop, direction l'Arizona. Avec l'idée de retrouver une cousine à Phoenix. Un gars qui les avait prises à Ontario les largua sur l'aire de Cabazon. À peine étaient-elles installées au comptoir du restau que la mère d'Angel entamait la conversation en attendant les hamburgers. Scotty était une conquête facile.