Fiche produit
J'AI OUBLIE LE TITRE - MEMOIRES D'UNE ANIMATRICE EN EPHAD ALZHEIMER
162,00 MAD TTC
Auteur(s)
Beaufils Carine
Éditeur(s)
Eres
Date de parution
20/02/2014
DISPONIBILITE
Expédié sous 21 à 28 jours
Descriptif
Infos
Extrait
Animatrice
Je suis devenue animatrice en résidence Alzheimer complètement par hasard. Banquière démissionnaire, je cherchais un job sans responsabilités, sans objectifs, sans k et permettant de se regarder dans un miroir en rentrant le soir.
J'avais été formée pour vendre des PEL et des assurances-vie. Je connaissais le taux du prélèvement forfaitaire libératoire, le cours du CAC 40 et la loi des finances sur le bout des doigts. Je ne connaissais rien à la personne âgée, ce pour quoi je n'avais aucune excuse puisque ma mère est médecin en gériatrie, spécialisée dans la maladie d'Alzheimer.
La démission possédant cette particularité de n'être pas indemnisée par Pôle Emploi, j'ai supplié toutes mes connaissances de me trouver un poste dans un bureau quelconque, même mal rémunéré, même inintéressant, même en dessous de toutes mes qualifications, même dans une mine de charbon. Or, il ne s'est trouvé qu'une opportunité, du côté de ma mère. C'était le poste de responsable de l'animation.
On me l'a proposé, je l'ai bien sûr refusé. Comme tout le monde, j'avais regardé des documentaires chocs sur la maltraitance en maison de retraite ; comme beaucoup, je n'aimais pas les vieux ; et comme la majorité, je connaissais peu Alzheimer mais juste assez pour espérer que ça ne toucherait jamais ma grand-mère.
On a insisté, j'ai fini par accepter.
Je n'avais aucune idée précise du monde dans lequel j'allais entrer.
La résidence en étoile
La résidence dans laquelle je travaille plaît toujours aux visiteurs. Sa structure a été réalisée sur la base d'une belle demeure bourgeoise du début du XXe siècle qui constitue aujourd'hui les locaux administratifs. Une passerelle de verre relie ce corps principal à une grande annexe organisée en étoile sur deux étages dans lesquels se répartissent huit unités qu'on appelle «appartements».
Chaque appartement accueille treize personnes âgées qui disposent toutes d'une chambre avec sanitaires. L'ensemble des treize chambres s'articule autour d'un salon commun prolongé par une grande cuisine à l'américaine avec un bar passe-plat. On appelle ce lieu «tisanerie».
La pièce ainsi formée est baignée de lumière en permanence grâce à une immense baie vitrée donnant sur le parc privé de la résidence.
Chaque appartement dans son bras d'étoile est relié au coeur par un long couloir en enfilade qui permet de déambuler et d'accéder aux ascenseurs.
Huit appartements de treize résidents, ce sont cent quatre chambres, c'est donc immense, or étrangement, ça n'y paraît pas. Peut-être du fait de l'agencement en étoile ? Ou de l'organisation en très petites unités ? Au contraire de toutes les maisons de retraite que j'avais pu voir jusque-là, c'est joli, même presque beau.
Les murs sont peints en orange doux, décorés de tableaux simples et colorés. Et puis ça sent bon. On a tous l'idée de la maison de retraite qui fleure l'urine, aux murs blanc-hôpital et à l'immense cantine au rez-de-chaussée.
Notre établissement est à l'opposé de cette image, grâce à son architecture et à ses bataillons de personnel.
C'est que trois ASH (femmes de ménage) oeuvrent en permanence, coordonnées par la responsable hygiène et qualité. Deux aides-soignantes ou AMP (aides médico-psychologiques) par appartement veillent sur les résidents. Elles sont chapeautées par deux IDE (infirmières diplômées d'État) qui pratiquent les soins, elles-mêmes étant supervisées par une IDEC (ide coordinatrice). L'ensemble est placé sous la houlette du méd-co (médecin coordonnateur).
(...)
Je suis devenue animatrice en résidence Alzheimer complètement par hasard. Banquière démissionnaire, je cherchais un job sans responsabilités, sans objectifs, sans k et permettant de se regarder dans un miroir en rentrant le soir.
J'avais été formée pour vendre des PEL et des assurances-vie. Je connaissais le taux du prélèvement forfaitaire libératoire, le cours du CAC 40 et la loi des finances sur le bout des doigts. Je ne connaissais rien à la personne âgée, ce pour quoi je n'avais aucune excuse puisque ma mère est médecin en gériatrie, spécialisée dans la maladie d'Alzheimer.
La démission possédant cette particularité de n'être pas indemnisée par Pôle Emploi, j'ai supplié toutes mes connaissances de me trouver un poste dans un bureau quelconque, même mal rémunéré, même inintéressant, même en dessous de toutes mes qualifications, même dans une mine de charbon. Or, il ne s'est trouvé qu'une opportunité, du côté de ma mère. C'était le poste de responsable de l'animation.
On me l'a proposé, je l'ai bien sûr refusé. Comme tout le monde, j'avais regardé des documentaires chocs sur la maltraitance en maison de retraite ; comme beaucoup, je n'aimais pas les vieux ; et comme la majorité, je connaissais peu Alzheimer mais juste assez pour espérer que ça ne toucherait jamais ma grand-mère.
On a insisté, j'ai fini par accepter.
Je n'avais aucune idée précise du monde dans lequel j'allais entrer.
La résidence en étoile
La résidence dans laquelle je travaille plaît toujours aux visiteurs. Sa structure a été réalisée sur la base d'une belle demeure bourgeoise du début du XXe siècle qui constitue aujourd'hui les locaux administratifs. Une passerelle de verre relie ce corps principal à une grande annexe organisée en étoile sur deux étages dans lesquels se répartissent huit unités qu'on appelle «appartements».
Chaque appartement accueille treize personnes âgées qui disposent toutes d'une chambre avec sanitaires. L'ensemble des treize chambres s'articule autour d'un salon commun prolongé par une grande cuisine à l'américaine avec un bar passe-plat. On appelle ce lieu «tisanerie».
La pièce ainsi formée est baignée de lumière en permanence grâce à une immense baie vitrée donnant sur le parc privé de la résidence.
Chaque appartement dans son bras d'étoile est relié au coeur par un long couloir en enfilade qui permet de déambuler et d'accéder aux ascenseurs.
Huit appartements de treize résidents, ce sont cent quatre chambres, c'est donc immense, or étrangement, ça n'y paraît pas. Peut-être du fait de l'agencement en étoile ? Ou de l'organisation en très petites unités ? Au contraire de toutes les maisons de retraite que j'avais pu voir jusque-là, c'est joli, même presque beau.
Les murs sont peints en orange doux, décorés de tableaux simples et colorés. Et puis ça sent bon. On a tous l'idée de la maison de retraite qui fleure l'urine, aux murs blanc-hôpital et à l'immense cantine au rez-de-chaussée.
Notre établissement est à l'opposé de cette image, grâce à son architecture et à ses bataillons de personnel.
C'est que trois ASH (femmes de ménage) oeuvrent en permanence, coordonnées par la responsable hygiène et qualité. Deux aides-soignantes ou AMP (aides médico-psychologiques) par appartement veillent sur les résidents. Elles sont chapeautées par deux IDE (infirmières diplômées d'État) qui pratiquent les soins, elles-mêmes étant supervisées par une IDEC (ide coordinatrice). L'ensemble est placé sous la houlette du méd-co (médecin coordonnateur).
(...)