Fiche produit
D'AL-KHWARIZMI A DESCARTES - ETUDES SUR L'HISTOIRE DES MATHEMATIQUES CLASSIQUES
1 201,50 MAD TTC
Auteur(s)
Rashed Roshdi
Éditeur(s)
Hermann
Date de parution
22/07/2011
DISPONIBILITE
Expédié sous 21 à 28 jours
Descriptif
Infos
L'HISTOIRE DES SCIENCES ENTRE ÉPISTÉMOLOGIE ET HISTOIRE
Jamais l'histoire des sciences, sous toutes ses formes et dans toutes ses spécialités, n'a été aussi prospère que durant le vingtième siècle, et en particulier au cours de sa deuxième moitié. Cette prospérité est partout attestée: les nouveaux champs conquis, le nombre des écrits de valeur, celui des positions d'enseignement et de recherche créées, celui encore des institutions fondées, des revues spécialisées lancées, des collections publiées... C'est dire, sans exagération aucune, que ce qui a été fait pendant les cinq dernières décennies l'emporte sur tout ce qu'on doit aux deux derniers siècles. Cela nous invite tout naturellement à nous interroger sans complaisance sur notre discipline, sur ses acquis et sur son avenir, sur la somme et le reste. Examen d'autant plus nécessaire que prévaut l'impression d'une dispersion incessante et croissante, et que la profession d'historien des sciences progresse plus vite que la discipline elle-même: situation singulière, dont les conséquences sont pour le moins imprévisibles et incertaines. Mais, avant d'engager cette interrogation, il convient de rappeler les principaux acquis du siècle écoulé, ceux qui, depuis le milieu de ce dernier siècle, ont dessiné le paysage en histoire des sciences. Ces contributions se distribuent entre plusieurs thèmes: les méthodes, les nouveaux champs investis et les nouveaux rapports établis.
Au tournant du XIXe siècle, et surtout dans les premières décennies du XXe, les historiens des sciences ont découvert toute l'importance de la recherche textuelle, et la nécessité de retracer la tradition textuelle de chaque écrit scientifique examiné. Cette nouvelle tâche s'est en grande partie imposée sous l'effet du développement des disciplines historiques et philologiques, elles-mêmes influencées par l'école philologique allemande. Cette recherche sur la tradition textuelle a entraîné un cortège de disciplines et de techniques historiques auxiliaires en histoire des sciences - paléographie, codicologie, philologie, etc. - et a fini par devenir un acquis définitif de la discipline: hier représenté par Hultsch, Tannery, Heiberg,...; aujourd'hui attesté par les travaux sur l'Archimède de Guillaume de Moerbecke et ceux sur l'oeuvre de Newton, Leibniz, Euler et, plus récemment, par les études consacrées aux écrits d'Einstein, entre bien d'autres.
Mais, symétriquement pour ainsi dire, ces acquis, auxquels il faut associer bien d'autres richesses accumulées que nous évoquerons plus loin, n'ont pas tardé à soulever le problème du clivage entre histoire et préhistoire des sciences, lequel à son tour en a suscité bien d'autres, relatifs au changement scientifique. Telles sont les questions du fameux débat méthodologique engagé à partir des années soixante: dans ce débat, salutaire, les buts dépassaient amplement les questions soulevées. Les historiens qui s'y trouvaient engagés voulaient en fait rompre avec l'histoire événementielle, avec l'histoire spontanée, avec «l'histoire-roman» des savants et de leurs faits, avec l'histoire, somme éclectique des personnes et des faits. C'était là les premières tentatives pour réfléchir sur la discipline comme telle. Dans les sciences de la vie, c'est Georges Canguilhem qui a mené la réflexion; en astronomie, en mécanique et en physique, ce sont G. Bachelard, A. Koyré et, surtout, T. Kuhn, entre bien d'autres.
Ce débat a intéressé les sociologues, qui, weberiens ou marxistes, ont voulu lui donner la dimension sociale qui lui manquait, en revenant aux institutions ou aux conduites sociales. Quoi qu'il en soit, cette entreprise de réflexion méthodologique, qui par essence ne pouvait que demeurer inachevée, a permis d'engager le premier véritable travail d'élucidation dans la discipline.
Jamais l'histoire des sciences, sous toutes ses formes et dans toutes ses spécialités, n'a été aussi prospère que durant le vingtième siècle, et en particulier au cours de sa deuxième moitié. Cette prospérité est partout attestée: les nouveaux champs conquis, le nombre des écrits de valeur, celui des positions d'enseignement et de recherche créées, celui encore des institutions fondées, des revues spécialisées lancées, des collections publiées... C'est dire, sans exagération aucune, que ce qui a été fait pendant les cinq dernières décennies l'emporte sur tout ce qu'on doit aux deux derniers siècles. Cela nous invite tout naturellement à nous interroger sans complaisance sur notre discipline, sur ses acquis et sur son avenir, sur la somme et le reste. Examen d'autant plus nécessaire que prévaut l'impression d'une dispersion incessante et croissante, et que la profession d'historien des sciences progresse plus vite que la discipline elle-même: situation singulière, dont les conséquences sont pour le moins imprévisibles et incertaines. Mais, avant d'engager cette interrogation, il convient de rappeler les principaux acquis du siècle écoulé, ceux qui, depuis le milieu de ce dernier siècle, ont dessiné le paysage en histoire des sciences. Ces contributions se distribuent entre plusieurs thèmes: les méthodes, les nouveaux champs investis et les nouveaux rapports établis.
Au tournant du XIXe siècle, et surtout dans les premières décennies du XXe, les historiens des sciences ont découvert toute l'importance de la recherche textuelle, et la nécessité de retracer la tradition textuelle de chaque écrit scientifique examiné. Cette nouvelle tâche s'est en grande partie imposée sous l'effet du développement des disciplines historiques et philologiques, elles-mêmes influencées par l'école philologique allemande. Cette recherche sur la tradition textuelle a entraîné un cortège de disciplines et de techniques historiques auxiliaires en histoire des sciences - paléographie, codicologie, philologie, etc. - et a fini par devenir un acquis définitif de la discipline: hier représenté par Hultsch, Tannery, Heiberg,...; aujourd'hui attesté par les travaux sur l'Archimède de Guillaume de Moerbecke et ceux sur l'oeuvre de Newton, Leibniz, Euler et, plus récemment, par les études consacrées aux écrits d'Einstein, entre bien d'autres.
Mais, symétriquement pour ainsi dire, ces acquis, auxquels il faut associer bien d'autres richesses accumulées que nous évoquerons plus loin, n'ont pas tardé à soulever le problème du clivage entre histoire et préhistoire des sciences, lequel à son tour en a suscité bien d'autres, relatifs au changement scientifique. Telles sont les questions du fameux débat méthodologique engagé à partir des années soixante: dans ce débat, salutaire, les buts dépassaient amplement les questions soulevées. Les historiens qui s'y trouvaient engagés voulaient en fait rompre avec l'histoire événementielle, avec l'histoire spontanée, avec «l'histoire-roman» des savants et de leurs faits, avec l'histoire, somme éclectique des personnes et des faits. C'était là les premières tentatives pour réfléchir sur la discipline comme telle. Dans les sciences de la vie, c'est Georges Canguilhem qui a mené la réflexion; en astronomie, en mécanique et en physique, ce sont G. Bachelard, A. Koyré et, surtout, T. Kuhn, entre bien d'autres.
Ce débat a intéressé les sociologues, qui, weberiens ou marxistes, ont voulu lui donner la dimension sociale qui lui manquait, en revenant aux institutions ou aux conduites sociales. Quoi qu'il en soit, cette entreprise de réflexion méthodologique, qui par essence ne pouvait que demeurer inachevée, a permis d'engager le premier véritable travail d'élucidation dans la discipline.