Fiche produit
UNE TERRIBLE EPREUVE
142,00 MAD TTC
Auteur(s)
Helmlinger Sophie
Éditeur(s)
Empreinte Temps
Date de parution
21/05/2014
DISPONIBILITE
Expédié sous 21 à 28 jours
Descriptif
Infos
Extrait
Thomas avait deux ans lorsque j'ai découvert que j'étais enceinte. «Découvert» était le mot juste : je ne m'attendais pas à cette grossesse, on pourrait dire que cette vie en formation avait échappé à mon contrôle. Non pas que nous ne voulions plus d'enfants - les jeunes fiancés que nous avions été rêvaient d'une famille nombreuse, au moins cinq enfants ! - mais je ne me sentais pas prête à ce moment-là : allais-je pouvoir aimer ce bébé autant que Thomas ? Continuerais-je d'aimer mon premier-né si j'accueillais un autre enfant ? N'étais-je pas en train de «trahir» mon aîné ?
D'autant qu'il a fallu arrêter en urgence les traitements de désensibilisation mis en place pour contrer mes problèmes respiratoires (la garrigue a beaucoup de charme mais regorge de plantes particulièrement allergisantes !). Le médecin m'avait pourtant bien prévenue : «Ce n'est pas le moment de faire un bébé, ces traitements sont totalement proscrits chez la femme enceinte.» Je n'avais pas été capable de gérer la fertilité de notre couple. Quelles conséquences pour ce futur bébé ? Serait-il malformé ? Souffrirait-il de séquelles à cause de ce traitement, comme moi ?
Beaucoup de questions sans doute légitimes, peut-être stupides, en tout cas des interrogations qui stagnaient dans le secret de mon coeur et qui ont eu l'effet d'une bombe quelques mois plus tard.
Épouse de pasteur, femme de devoir, hyperactive invétérée, ma grossesse n'a rien changé à mon style de vie, même si j'avais eu des alertes lorsque j'attendais notre aîné. J'avais en effet passé les deux derniers mois couchée sans avoir le droit de me lever et j'ai accouché avec trois semaines d'avance, en trois heures, «comme une bombe» selon l'expression des sages-femmes, ce qui n'est pas tout à fait normal pour une primipare. Mais ces deux mois au lit m'avaient permis de tricoter tout mon saoul, dispensée de tâches ménagères, j'étais bichonnée par Matthias, mon époux, ainsi que par certains paroissiens, j'avais tout le loisir de bavarder avec mon bébé et quelle femme se plaindrait de ne souffrir que 3 heures pour accoucher ? Cet «incident de parcours» dans cette première grossesse n'avait pas présenté suffisamment d'inconfort pour que j'en souffre, que je considère ces conditions comme des inconvénients et que les alarmes soient au rouge écarlate pour une grossesse suivante.
Je savais pourtant que j'étais une fille Distilbène®, sans pour autant en connaître les conséquences. Alertée par les effets néfastes de cette molécule dans les années 80, Maman m'avait encouragée à dire à tous les gynécologues qui me suivraient que j'étais «un bébé Distilbène®», formule un peu ésotérique que j'avais répétée plusieurs fois pour ne pas l'oublier, sans chercher à en savoir plus. Sans doute cette insouciance m'a-t-elle évité quelques angoisses dans les premières années de notre mariage, lorsque notre premier bébé tardait trop à venir, selon nous, puis pendant ma première grossesse.
Donc si je n'avais aucune idée de ce que signifiait «fille Distilbène®», le Dr A., lui, était censé ne pas l'ignorer (nous étions en 1994), même s'il semblait très dubitatif quant aux reproches faits à ce médicament.
C'est ainsi qu'il m'a répondu un : «Si vous le souhaitez, pour votre confort personnel, reposez-vous» lorsque je lui ai parlé de maux de ventre qui apparaissaient lorsque je passais le balai ou soulevais mon fils, par exemple.
D'autant qu'il a fallu arrêter en urgence les traitements de désensibilisation mis en place pour contrer mes problèmes respiratoires (la garrigue a beaucoup de charme mais regorge de plantes particulièrement allergisantes !). Le médecin m'avait pourtant bien prévenue : «Ce n'est pas le moment de faire un bébé, ces traitements sont totalement proscrits chez la femme enceinte.» Je n'avais pas été capable de gérer la fertilité de notre couple. Quelles conséquences pour ce futur bébé ? Serait-il malformé ? Souffrirait-il de séquelles à cause de ce traitement, comme moi ?
Beaucoup de questions sans doute légitimes, peut-être stupides, en tout cas des interrogations qui stagnaient dans le secret de mon coeur et qui ont eu l'effet d'une bombe quelques mois plus tard.
Épouse de pasteur, femme de devoir, hyperactive invétérée, ma grossesse n'a rien changé à mon style de vie, même si j'avais eu des alertes lorsque j'attendais notre aîné. J'avais en effet passé les deux derniers mois couchée sans avoir le droit de me lever et j'ai accouché avec trois semaines d'avance, en trois heures, «comme une bombe» selon l'expression des sages-femmes, ce qui n'est pas tout à fait normal pour une primipare. Mais ces deux mois au lit m'avaient permis de tricoter tout mon saoul, dispensée de tâches ménagères, j'étais bichonnée par Matthias, mon époux, ainsi que par certains paroissiens, j'avais tout le loisir de bavarder avec mon bébé et quelle femme se plaindrait de ne souffrir que 3 heures pour accoucher ? Cet «incident de parcours» dans cette première grossesse n'avait pas présenté suffisamment d'inconfort pour que j'en souffre, que je considère ces conditions comme des inconvénients et que les alarmes soient au rouge écarlate pour une grossesse suivante.
Je savais pourtant que j'étais une fille Distilbène®, sans pour autant en connaître les conséquences. Alertée par les effets néfastes de cette molécule dans les années 80, Maman m'avait encouragée à dire à tous les gynécologues qui me suivraient que j'étais «un bébé Distilbène®», formule un peu ésotérique que j'avais répétée plusieurs fois pour ne pas l'oublier, sans chercher à en savoir plus. Sans doute cette insouciance m'a-t-elle évité quelques angoisses dans les premières années de notre mariage, lorsque notre premier bébé tardait trop à venir, selon nous, puis pendant ma première grossesse.
Donc si je n'avais aucune idée de ce que signifiait «fille Distilbène®», le Dr A., lui, était censé ne pas l'ignorer (nous étions en 1994), même s'il semblait très dubitatif quant aux reproches faits à ce médicament.
C'est ainsi qu'il m'a répondu un : «Si vous le souhaitez, pour votre confort personnel, reposez-vous» lorsque je lui ai parlé de maux de ventre qui apparaissaient lorsque je passais le balai ou soulevais mon fils, par exemple.